In My Country

 

Un film de John Boorman

 

Avec Samuel L. Jackson, Juliette Binoche, Brendan Gleeson, Menzi Ngubane

 

 

Le dernier film de John Boorman, réalisateur entre autres de Rangoon, a pour toile de fond l’Afrique du Sud post-apartheid, et la Commission Vérité et Réconciliation qui mit les bourreaux face aux victimes du régime raciste et sanguinaire.

Premièrement nommé Country of my skull (le pays de mon crâne), In my country suit le chemin d’une journaliste Afrikaner et d’un homologue américain, qui assistent tous les deux aux séances de la commission à travers le pays.

 

Si Rangoon séduisait par la force de son propos et le regard posé sur le régime birman, In my country déçoit en beaucoup de points, ce qui explique notamment sa diffusion à la télévision et probablement une non-sortie sur les écrans français.

 

Tout d’abord, Boorman ne plonge que par moments dans l’horreur des exactions commises au nom d’un régime politique par des personnes banales, il pose sa caméra mais l’émotion ne passe pas vraiment, il ne fait qu’effleurer la surface rude de ce qui fût une horreur permanente, une chasse, un jeu pour certains.

 

Il préfère s’attarder sur la rencontre des deux journalistes, la blanche afrikaner et l’afro-américain, les faire s’aimer à travers les épreuves, les faire s’opposer sur les points de vue pour trouver un semblant de vérité au milieu de cette infamie.

 

Malheureusement, malgré l’interprétation honnête des deux comédiens, très sobres face à ce sujet sombre, le film ne décolle jamais et reste à la surface du drame.

 

Là où Hotel Rwanda, La Liste de Schindler ou même Rangoon utilisaient des images chocs pour faire réagir, In my Country reste trop à distance de son sujet pour captiver. Pire il finit même par ennuyer profondément, puisqu’il ne ressort pas grand-chose des discours tenus ici.

 

Juliette Binoche et Samuel L. Jackson incarnent avec beaucoup de sobriété les deux journalistes, ils sont entourés notamment de Brendan Gleeson, interprétant un bourreau qui glace le sang, mais surtout de nombreux sud-africains, qui ont connu cette période trouble de la vie de leur pays et revivent ici les drames, les non-dits, l’abandon des hommes.

 

Le film n’épargne pas la communauté afrikaner qui encore aujourd’hui possède toujours la plus grande partie des richesses de l’Afrique du Sud, le pouvoir économique à défaut d’un pouvoir politique qui leur a échappé, mais aussi il montre bien que l’apartheid était institutionnalisé, accepté en tant que tel, que les meurtres, les disparitions étaient choses courantes, dans un pays qui fermait les yeux sur l’horreur qui la rongeait.

 

In my country n’est malheureusement pas très réussi dans son ensemble malgré la bonne volonté du cinéaste et des comédiens.

 

 

Arnaud Meunier

06/06/2005